L’histoire de Kigwa
Partage de l’Ibitekerezo rwandais
L’histoire de Kigwa
Partage de l’Ibitekerezo rwandais
Lisa Ndejuru interprète l’histoire de Kigwa, conte issu de la culture orale rwandaise et transmis de génération en génération. Il fait partie d’un ensemble d’histoires appelées Ibitekerezo, du verbe Gutekereza, qui signifie « penser » :
L’histoire commence ainsi : Kasi était un roi. Il avait deux femmes, et l’une d’entre elles s’appelait Gasani. Elle était belle et était la préférée du roi, mais elle était très très triste, parce qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfants. Un jour, une femme passa et lui demanda : <br>« − Reine, que me donneriez-vous si je vous disais comment avoir un enfant? <br>− Que voulez-vous? demanda Gasani. <br>− Prenez-moi. Prenez-moi pour être l’une de vos servantes. Logez-moi et nourrissez-moi, lui répondit la femme. <br>− C’est fait! dit la reine. »
Dès que Gasani eut accueilli la femme, elle lui demanda :
« − Que se passe-t-il maintenant?
− Eh bien, répondit la femme, le jour du sacrifice du taureau multicolore, lorsque les conteurs, les voyants, les devins quitteront la pièce pour délibérer, nous devons entrer et… [la femme murmure un secret à la reine.]
− D’accord… confirma la reine.
− Mais avant ça, ajouta la femme, placez une jarre et un lit contre ce mur.
− C’est fait! »
Le jour du sacrifice, les femmes entrèrent dans l’endroit et sortirent le cœur ainsi que le poumon qui y était encore attaché. Puis la reine demanda :
« − Que se passe-t-il maintenant?
− Maintenant, nous devons le mettre dans la jarre.
− D’accord. » Elles le mirent dans la jarre, puis la reine demanda : « − Que se passe-t-il maintenant?
− Maintenant, vous devez verser du lait dessus. Matin et soir.
− D’accord, mais pendant combien de temps ?
− Pour la durée qu’une femme est enceinte.
− D’accord. »
Ainsi, pendant toute la durée qu’une femme est enceinte, la reine versa du lait, matin et soir, dans la jarre. À la fin de ces mois, la reine entendit un bruit. Elle dit alors à son époux : « J’entends quelque chose… Allez voir. Vérifiez ce qui se passe. » Dès que celui-ci partit, elle courut vers la jarre et en sortit ce bel enfant : Kigwa. Elle tomba en amour immédiatement. Elle le tenait contre elle. Puis son mari qui était de retour lui demanda :
« − Qui est-ce?
− Époux, répondit-elle, félicitez-moi; je vous ai mis au monde un enfant.
− Quoi? s’étonna le roi. Non, non, non, non, non, non, non. Vous n’attendiez pas d’enfant.
− Époux, une femme s’attend toujours à en avoir. »
Le roi était si bouleversé. Il était furieux et rien ne pouvait apaiser sa colère. Il était certain que cet enfant n’était pas le sien. Il voulait qu’on le tue. Alors la reine fut prise d’angoisse. Elle pensait qu’il se serait calmé, mais ce ne fut pas le cas.
À un certain moment, elle appela sa servante : « Femme, viens. Emmène cet enfant, emmène-le à la campagne, chez ma mère. » La femme prit donc l’enfant et l’emmena chez la mère de la reine. Or le roi envoya des gens aller chercher cet enfant pour qu’ils le tuent, mais jamais personne ne parvint à le faire. Ils retournaient au roi et déclaraient : « Roi, cet enfant est parfait. De qui? De qui d’autre pourrait-il être si ce n’est de vous? » Le roi persistait dans sa colère. Elle s’emparait de lui par période, et il envoyait alors des gens tuer l’enfant. « Tuez-le ! » Et chaque fois, les gens retournaient et affirmaient : « Votre majesté, il ne peut être l’enfant de personne d’autre. Personne d’autre. » Mais le roi était toujours en colère.
Puis un jour, Kigwa était avec ses frères dans la forêt. Ils chassaient. Et la mère de Gasani vint à la cour royale ce jour-là. Elle regarda sa fille et lui demanda : <br>« − Fille, pensez-vous que les enfants devraient mentir à leurs parents? <br>− Non, rétorqua Ganasi, bien sûr pas que non. <br>− Pourriez-vous me dire qui est cet enfant? lui demanda sa mère. Que s’est-il passé? Parce que vous savez, et je sais que vous n’attendiez pas d’enfants. Vous ne pouviez pas avoir d’enfants. » Gasani secoua la tête puis avoua : « D’accord. » Voilà qu’elle raconta tout à sa mère : le lait, le taureau, la femme,... absolument tout.
« Kigwa est l’ancêtre de tous les Rwandais. »
Derrière la cloison se tenait un homme qui entendit toute l’histoire. Il prit ses jambes à son coup pour se rendre dans la forêt où se trouvait Kigwa. Celui-ci venait tout juste d’abattre une proie. L'homme se mit devant eux tous, puis annonça :
« − Kigwa, c’est normal que vous soyez un chasseur si incroyable. Vous êtes le fils du taureau.
− Quoi? répondit Kigwa étonné. »
Le cœur de Kigwa fut brisé. Il était certain que ses frères le renieraient, donc il décida de partir. Mais un de ses frères, qui n’était pas vraiment son frère, décida de le joindre. Et deux de ses sœurs, qui n’étaient pas vraiment ses sœurs, décidèrent aussi de le joindre. Alors il prit un taureau, une vache, un chien — en fait, deux chiens : un mal et une femelle —, un coq, une poule, quelques tourterelles, et tout un tas d’autres animaux. Puis ils s’en allèrent. Ils partirent. Puis ils marchèrent. Et ils s’installèrent là : où le Rwanda commença. Kigwa est l’ancêtre de tous les Rwandais.
L’histoire de Kigwa
L’histoire de Kigwa
Partage de l’Ibitekerezo rwandais
Lisa Ndejuru interprète l’histoire de Kigwa, conte issu de la culture orale rwandaise et transmis de génération en génération. Il fait partie d’un ensemble d’histoires appelées Ibitekerezo, du verbe Gutekereza, qui signifie « penser » :
L’histoire commence ainsi : Kasi était un roi. Il avait deux femmes, et l’une d’entre elles s’appelait Gasani. Elle était belle et était la préférée du roi, mais elle était très très triste, parce qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfants. Un jour, une femme passa et lui demanda : <br>« − Reine, que me donneriez-vous si je vous disais comment avoir un enfant? <br>− Que voulez-vous? demanda Gasani. <br>− Prenez-moi. Prenez-moi pour être l’une de vos servantes. Logez-moi et nourrissez-moi, lui répondit la femme. <br>− C’est fait! dit la reine. »
Dès que Gasani eut accueilli la femme, elle lui demanda :
« − Que se passe-t-il maintenant?
− Eh bien, répondit la femme, le jour du sacrifice du taureau multicolore, lorsque les conteurs, les voyants, les devins quitteront la pièce pour délibérer, nous devons entrer et… [la femme murmure un secret à la reine.]
− D’accord… confirma la reine.
− Mais avant ça, ajouta la femme, placez une jarre et un lit contre ce mur.
− C’est fait! »
Le jour du sacrifice, les femmes entrèrent dans l’endroit et sortirent le cœur ainsi que le poumon qui y était encore attaché. Puis la reine demanda :
« − Que se passe-t-il maintenant?
− Maintenant, nous devons le mettre dans la jarre.
− D’accord. » Elles le mirent dans la jarre, puis la reine demanda : « − Que se passe-t-il maintenant?
− Maintenant, vous devez verser du lait dessus. Matin et soir.
− D’accord, mais pendant combien de temps ?
− Pour la durée qu’une femme est enceinte.
− D’accord. »
Ainsi, pendant toute la durée qu’une femme est enceinte, la reine versa du lait, matin et soir, dans la jarre. À la fin de ces mois, la reine entendit un bruit. Elle dit alors à son époux : « J’entends quelque chose… Allez voir. Vérifiez ce qui se passe. » Dès que celui-ci partit, elle courut vers la jarre et en sortit ce bel enfant : Kigwa. Elle tomba en amour immédiatement. Elle le tenait contre elle. Puis son mari qui était de retour lui demanda :
« − Qui est-ce?
− Époux, répondit-elle, félicitez-moi; je vous ai mis au monde un enfant.
− Quoi? s’étonna le roi. Non, non, non, non, non, non, non. Vous n’attendiez pas d’enfant.
− Époux, une femme s’attend toujours à en avoir. »
Le roi était si bouleversé. Il était furieux et rien ne pouvait apaiser sa colère. Il était certain que cet enfant n’était pas le sien. Il voulait qu’on le tue. Alors la reine fut prise d’angoisse. Elle pensait qu’il se serait calmé, mais ce ne fut pas le cas.
À un certain moment, elle appela sa servante : « Femme, viens. Emmène cet enfant, emmène-le à la campagne, chez ma mère. » La femme prit donc l’enfant et l’emmena chez la mère de la reine. Or le roi envoya des gens aller chercher cet enfant pour qu’ils le tuent, mais jamais personne ne parvint à le faire. Ils retournaient au roi et déclaraient : « Roi, cet enfant est parfait. De qui? De qui d’autre pourrait-il être si ce n’est de vous? » Le roi persistait dans sa colère. Elle s’emparait de lui par période, et il envoyait alors des gens tuer l’enfant. « Tuez-le ! » Et chaque fois, les gens retournaient et affirmaient : « Votre majesté, il ne peut être l’enfant de personne d’autre. Personne d’autre. » Mais le roi était toujours en colère.
Puis un jour, Kigwa était avec ses frères dans la forêt. Ils chassaient. Et la mère de Gasani vint à la cour royale ce jour-là. Elle regarda sa fille et lui demanda : <br>« − Fille, pensez-vous que les enfants devraient mentir à leurs parents? <br>− Non, rétorqua Ganasi, bien sûr pas que non. <br>− Pourriez-vous me dire qui est cet enfant? lui demanda sa mère. Que s’est-il passé? Parce que vous savez, et je sais que vous n’attendiez pas d’enfants. Vous ne pouviez pas avoir d’enfants. » Gasani secoua la tête puis avoua : « D’accord. » Voilà qu’elle raconta tout à sa mère : le lait, le taureau, la femme,... absolument tout.
« Kigwa est l’ancêtre de tous les Rwandais. »
Derrière la cloison se tenait un homme qui entendit toute l’histoire. Il prit ses jambes à son coup pour se rendre dans la forêt où se trouvait Kigwa. Celui-ci venait tout juste d’abattre une proie. L'homme se mit devant eux tous, puis annonça :
« − Kigwa, c’est normal que vous soyez un chasseur si incroyable. Vous êtes le fils du taureau.
− Quoi? répondit Kigwa étonné. »
Le cœur de Kigwa fut brisé. Il était certain que ses frères le renieraient, donc il décida de partir. Mais un de ses frères, qui n’était pas vraiment son frère, décida de le joindre. Et deux de ses sœurs, qui n’étaient pas vraiment ses sœurs, décidèrent aussi de le joindre. Alors il prit un taureau, une vache, un chien — en fait, deux chiens : un mal et une femelle —, un coq, une poule, quelques tourterelles, et tout un tas d’autres animaux. Puis ils s’en allèrent. Ils partirent. Puis ils marchèrent. Et ils s’installèrent là : où le Rwanda commença. Kigwa est l’ancêtre de tous les Rwandais.
personne interviewée
Lisa Ndejuru
réalisateur et monteur
Abdurahman Hussain
Directeur de la photographie
Nick Jewell
Direction créative
Peter Farbridge et Crystal Chan
images
Courtoisie de Lisa Ndejuru
Lisa Ndejuru interprète l’histoire de Kigwa, conte issu de la culture orale rwandaise et transmis de génération en génération. Il fait partie d’un ensemble d’histoires appelées Ibitekerezo, du verbe Gutekereza, qui signifie « penser » :
L’histoire commence ainsi : Kasi était un roi. Il avait deux femmes, et l’une d’entre elles s’appelait Gasani. Elle était belle et était la préférée du roi, mais elle était très très triste, parce qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfants. Un jour, une femme passa et lui demanda : <br>« − Reine, que me donneriez-vous si je vous disais comment avoir un enfant? <br>− Que voulez-vous? demanda Gasani. <br>− Prenez-moi. Prenez-moi pour être l’une de vos servantes. Logez-moi et nourrissez-moi, lui répondit la femme. <br>− C’est fait! dit la reine. »
Dès que Gasani eut accueilli la femme, elle lui demanda :
« − Que se passe-t-il maintenant?
− Eh bien, répondit la femme, le jour du sacrifice du taureau multicolore, lorsque les conteurs, les voyants, les devins quitteront la pièce pour délibérer, nous devons entrer et… [la femme murmure un secret à la reine.]
− D’accord… confirma la reine.
− Mais avant ça, ajouta la femme, placez une jarre et un lit contre ce mur.
− C’est fait! »
Le jour du sacrifice, les femmes entrèrent dans l’endroit et sortirent le cœur ainsi que le poumon qui y était encore attaché. Puis la reine demanda :
« − Que se passe-t-il maintenant?
− Maintenant, nous devons le mettre dans la jarre.
− D’accord. » Elles le mirent dans la jarre, puis la reine demanda : « − Que se passe-t-il maintenant?
− Maintenant, vous devez verser du lait dessus. Matin et soir.
− D’accord, mais pendant combien de temps ?
− Pour la durée qu’une femme est enceinte.
− D’accord. »
Ainsi, pendant toute la durée qu’une femme est enceinte, la reine versa du lait, matin et soir, dans la jarre. À la fin de ces mois, la reine entendit un bruit. Elle dit alors à son époux : « J’entends quelque chose… Allez voir. Vérifiez ce qui se passe. » Dès que celui-ci partit, elle courut vers la jarre et en sortit ce bel enfant : Kigwa. Elle tomba en amour immédiatement. Elle le tenait contre elle. Puis son mari qui était de retour lui demanda :
« − Qui est-ce?
− Époux, répondit-elle, félicitez-moi; je vous ai mis au monde un enfant.
− Quoi? s’étonna le roi. Non, non, non, non, non, non, non. Vous n’attendiez pas d’enfant.
− Époux, une femme s’attend toujours à en avoir. »
Le roi était si bouleversé. Il était furieux et rien ne pouvait apaiser sa colère. Il était certain que cet enfant n’était pas le sien. Il voulait qu’on le tue. Alors la reine fut prise d’angoisse. Elle pensait qu’il se serait calmé, mais ce ne fut pas le cas.
À un certain moment, elle appela sa servante : « Femme, viens. Emmène cet enfant, emmène-le à la campagne, chez ma mère. » La femme prit donc l’enfant et l’emmena chez la mère de la reine. Or le roi envoya des gens aller chercher cet enfant pour qu’ils le tuent, mais jamais personne ne parvint à le faire. Ils retournaient au roi et déclaraient : « Roi, cet enfant est parfait. De qui? De qui d’autre pourrait-il être si ce n’est de vous? » Le roi persistait dans sa colère. Elle s’emparait de lui par période, et il envoyait alors des gens tuer l’enfant. « Tuez-le ! » Et chaque fois, les gens retournaient et affirmaient : « Votre majesté, il ne peut être l’enfant de personne d’autre. Personne d’autre. » Mais le roi était toujours en colère.
Puis un jour, Kigwa était avec ses frères dans la forêt. Ils chassaient. Et la mère de Gasani vint à la cour royale ce jour-là. Elle regarda sa fille et lui demanda : <br>« − Fille, pensez-vous que les enfants devraient mentir à leurs parents? <br>− Non, rétorqua Ganasi, bien sûr pas que non. <br>− Pourriez-vous me dire qui est cet enfant? lui demanda sa mère. Que s’est-il passé? Parce que vous savez, et je sais que vous n’attendiez pas d’enfants. Vous ne pouviez pas avoir d’enfants. » Gasani secoua la tête puis avoua : « D’accord. » Voilà qu’elle raconta tout à sa mère : le lait, le taureau, la femme,... absolument tout.
« Kigwa est l’ancêtre de tous les Rwandais. »
Derrière la cloison se tenait un homme qui entendit toute l’histoire. Il prit ses jambes à son coup pour se rendre dans la forêt où se trouvait Kigwa. Celui-ci venait tout juste d’abattre une proie. L'homme se mit devant eux tous, puis annonça :
« − Kigwa, c’est normal que vous soyez un chasseur si incroyable. Vous êtes le fils du taureau.
− Quoi? répondit Kigwa étonné. »
Le cœur de Kigwa fut brisé. Il était certain que ses frères le renieraient, donc il décida de partir. Mais un de ses frères, qui n’était pas vraiment son frère, décida de le joindre. Et deux de ses sœurs, qui n’étaient pas vraiment ses sœurs, décidèrent aussi de le joindre. Alors il prit un taureau, une vache, un chien — en fait, deux chiens : un mal et une femelle —, un coq, une poule, quelques tourterelles, et tout un tas d’autres animaux. Puis ils s’en allèrent. Ils partirent. Puis ils marchèrent. Et ils s’installèrent là : où le Rwanda commença. Kigwa est l’ancêtre de tous les Rwandais.